Lutter contre l’amnésie des fessiers
Le professeur Stuart McGill de l’université de Waterloo au Canada a mis en évidence une problématique courante appelé: « L’amnésie des fessiers ».
Ce syndrome est complexe et il est assez méconnu du grand public.On pourrait l’imager comme étant une perte de « mémoire » de ces muscles (« amnésie »).
Il touche aussi bien les sédentaires et les personnes se trouvant régulièrement en position assise au travail comme au repos, que les sportifs présentant une défaillance (fatigue, raideur, déséquilibre …) des glutéaux (Fessiers)
Voyons un peu de quoi il s’agit et comment y remédier !
Un peu d'anatomie.
Afin de bien appréhender un syndrome ou une pathologie musculaire , il est nécessaire de connaître la physiologie et l’anatomie des muscles qui nous intéresse.
Pour ce qui nous concerne, ici c’est le groupe musculaire des fessiers.
Il se compose de trois muscles dit mono articulaires (Qui ont une action sur une seule articulation içi la hanche) :
– Le grand fessier.
– Le moyen fessier.
– Le petit fessier.
Le grand fessier.
Faisant partie des muscles de la hanche, le grand glutéal plus puissant muscle du corps humain en est son principal extenseur* (mouvement d’extension de la cuisse sur le bassin, vital pour l’homme dans la locomotion : pour marcher, courir, sprinter, sauter). Muscle phasique ( en opposition à muscle tonique) recouvrant le nerf sciatique, il est également :
En CCO (chaîne cinétique ouverte ( le pied n’étant pas ancré au sol) :
– rotateur externe en plus d’être extenseur de la hanche
– adducteur de la hanche (faisceaux inférieurs)
– abducteur de la hanche (par ses faisceaux les plus élevés et sa partie superficielle qui prend part à la constitution du deltoïde fessier .
En CCF (chaîne cinétique fermée) :
– en bipodal : rétroverseur du bassin, participe à l’action de la contraction des muscles du plancher pelvien
– en unipodal : entraîne un recul controlatéral de l’EIAS (épine iliaque antéro-supérieure)
Le petit fessier.
Le petit glutéal, muscle fessier le plus profond, a les mêmes actions à minima que les fibres antérieures du moyen fessier qu’il assiste, comme nous l’avons vu, dans la stabilisation transversale du bassin. Il est essentiellement abducteur de hanche et par ses composantes :
En CCO :
– rotateur interne (dans sa quasi totalité)
– rotateur externe (faisceaux postérieurs)
– fléchisseur de hanche (faisceaux antérieurs)
En CCF :
– en bipodal : antéverseur du bassin (faisceaux antérieurs)
– en unipodal : avancée controlatérale de l’EIAS
NB : sa fonction semble néanmoins plus fléchissante que celle du moyen fessier.
Le moyen fessier.
Le moyen glutéal est un muscle puissant et endurant, fonctionnant surtout en chaîne fermée sur un mode « stato-dynamique » (faibles variations de course concernant le membre en appui lors du passage du pas). Principal abducteur de hanche il est aussi :
En CCO :
– rotateur interne et fléchisseur de hanche; antéverseur du bassin (faisceaux antérieurs)
– rotateur externe et extenseur de hanche; rétroverseur du bassin (faisceaux postérieurs)
En CCF :
– ce muscle travaille essentiellement en course externe et moyenne pour assurer la stabilité du bassin (voir ci-après)
– en unipodal : élévation controlatérale de l’EIAS
Agissant comme hauban actif, il est le garant, avec le petit glutéal, de l’horizontalité et de la stabilisation latérale (transversale) du bassin lors de l’appui sur un pied. Ce qui lui confère un rôle extrêmement important pour la marche.
NB : sur un plan pathologique, sa défaillance peut se traduire par une claudication caractéristique : la boiterie de Tredelenburg.
Ce qu'il faut savoir.
Dans la vie de tous les jours comme lors d’une activité sportive, tout mouvement fait appel à la synergie (un travail en concomitance) d’un ensemble de muscles selon un schéma moteur (ou pattern de mouvement). Il n’est jamais le seul fait d’un muscle isolé.
En cas d’affaiblissement ou de défaillance d’un ou de plusieurs muscles (Dans notre cas les fessiers) , le corps cherchera toujours à compenser quitte à en modifier le schéma moteur.
Ceci entraîne à terme une détérioration de la commande motrice, un facteur qui serait prépondérant aux blessures.
Ces stratégies musculaires se traduisent par le recrutement de nouvelles unités motrices et par la mise en jeu de tous les muscles synergiques au(x) muscle(s) défaillant(s).
Petite explications pour plus de clarté :
Si le recrutement des fessiers n’est pas efficient à cause de leurs amnésie , ce sont d’autres muscles qui vont prendre le relais , Dans le cas d’une extension de hanche se seront les ischios-jambiers qui vont prendre le relais. Malheureusement vous aurez aussi une compensation avec vos lombaires.
Les conséquences de la compensation.
Les différentes conséquences sont :
- Défaillance d’un muscle : Ses synergistes prennent le relais,
- La sur-activation et la sur-sollicitation de ces muscles synergistes provoquent une augmentation de leur raideur,
- Et entraîne une désactivation de leurs antagonistes, qui doivent eux-mêmes être remplacés par l’activité de leurs synergistes,
- Qui à leur tour vont se retrouver à être sur-sollicités, enraidis … etc.
Comment peut se traduire l'amnésie du fessier ?
- Trop sollicités, les contractions du grand glutéal augmentent sa raideur ce qui entraine des contraintes au niveau des hanches et des genoux. Cela peut perturber du même coup l’équilibre de ces articulations et de la zone lombaire.
- Les muscles érecteurs du rachis (colonne vertébrale) et les ischios-jambiers (muscles se trouvant sur la face postérieur de la cuisse) particulièrement, prennent le relais pour assurer la fonction d’extension de hanche. Cette compensation n’est pas bonne quand on connaît toute la problématique de ces muscles toniques (forte raideur) à entretenir de par leur constitution et leur fonction . Une raideur « pathologique » des ischios peut donc avoir pour origine la déficience du grand glutéal ( Grand fessier).
- Les quadriceps (muscles de la face avant de la cuisse) qui sont agonistes (opposés) aux fessiers vont de fait être moins actifs ce qui aura comme conséquence d’avoir un relais dans la flexion de la hanche par les psoas-iliaques.
- Les Psoas qui du fait de leurs contractions vont accentuer la flexion directe de la hanche et la lordose lombaire (hyperlordose).
- L’étage lombaire ayant déjà pris le relais pour compenser l’atteinte de la mobilité des hanches et leur assurer une extension optimale.
- Par compensation, la mise en jeu des muscles du dos (érecteurs du rachis) intervient encore, puis ceux de la ceinture scapulaire et ainsi de suite …
Le grand fessier ne remplissant finalement plus son rôle, les fixateurs du fémur (pyramidal, petit fessier) peuvent également se raidir, entraînant une compression du nerf sciatique avec tous les risques que cela engendre …
Par conséquent, voici les atteintes possibles :
– risque de lésions au niveau des ischio-jambiers (contracture, déchirure)
– affections de la hanche et du bassin (douleurs, arthrose)
– lésions au niveau de l’articulation du genou (tendinites, syndrome de la bandelette ilio-tibiale, syndrome rotulien, blessures au LCA)
– atteintes lombaires (hernie discale, lombalgie, sciatique, cruralgie)
A terme raideurs, déséquilibres et compensations de toutes sortes vont conduire à des adaptations posturales voire des troubles fonctionnels.
Quelques exercices préventifs.
En étirement.
En renforcement musculaire.
Pour conclure.
L’amnésie du fessier est un syndrome assez représentatif de notre société actuelle : les contraintes et les conventions de la position assise notamment, nous obligent à être particulièrement attentifs à nos habitudes de vie ou d’entraînement. Il est donc important de pratiquer une activité physique régulière.
Les muscles fessiers doivent-être entrainer au même titre que les muscles de la ceinture abdominale et lombaire, les muscles profonds (transverse, muscles de la coiffe des rotateurs) … etc.
Vous voilà prévenu !
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